La filière du Transport doit s’interroger régulièrement sur le rôle du digital, de l’IA et de la robotique dans la logistique 4.0.
François de Bertier, Président du cluster TENLOG et Christophe Saint Pierre, Vice-Président du cluster DIGITAL 113 ont choisi d’unir leurs forces car ensemble, on va plus loin.
C’est autour de cette réflexion qui a été conclue avec brio par Nadia Pellefigue, Vice-Présidente de la Région Occitanie que la journée s’est poursuivie.
En effet, celle qui a largement soutenu la création de nos clusters, estime au vu des débats de cette journée, qu’on peut être fiers des niveaux de réflexions entendus et des perspectives d’actions et d’investissements qui en découlent.
Elle s’est également réjouie de constater la présence de nombreux étudiants de l’ISTELI qui ont apporté leur contribution à ces débats et s’affirment comme « la relève » de demain.
En introduction, François de Bertier rappelle les impératifs imposés à la filière :
- On nous demande de livrer toujours plus vite mais n’est-ce pas au détriment des villes pacifiées qu’on nous réclame par ailleurs ?
- On nous recommande de massifier les chargements mais en a-t-on toujours le temps et les moyens ?
- On nous demande de mutualiser nos tournées pour réduire les flux de camions et la saturation des villes mais à ce jour, c’est contradictoire avec le service exigé par nos clients et les aménagements urbains disponibles.
- On exige une logistique urbaine durable et un « dernier kilomètre propre » mais tout n’est pas transportable à vélo.
Voilà donc quelques paradoxes de nos métiers face auxquels il faut reconnaître que nos PME du Transport ne sont pas toujours bien outillées et elles sont en outre, desservies par une sous-traitance anarchique.
I- La journée s’est ouverte sur un exposé
Un exposé très convaincant de Mathieu Fernandez du ministère des Transports qui, s’appuyant sur les évolutions contradictoires du secteur, a clairement démontré la nécessité de mieux mesurer ces situations pour pouvoir les contrôler. Cela permettra de créer les conditions d’une bonne collaboration entre l’Etat, les collectivités locales et les entreprises.
« On constate que le C.A. du e-commerce a progressé de 56% depuis 2019 et de 12% dans la seule dernière année, avec une progression de 14% des colis distribués. Cela génère une prolifération de véhicules utilitaires en ville et met en évidence les limites des infrastructures, à l’encontre de l’objectif de baisse de 35% du CO2 rejeté d’ici 2030 ! »
Cet objectif nous impose de faire baisser le CO2 dans les dix années à venir, autant que ce que nous avons réalisé dans les 30 années passées.
- « On sait par ailleurs qu’une tonne de marchandises livrées en utilitaires provoque le rejet de 6 fois plus de CO2 qu’une livraison en Poids Lourd… »
- « Il est clair qu’il devient nécessaire de mieux réglementer la circulation et les conditions de livraisons mais comment le faire alors que les données nécessaires ne sont pas disponibles ? »
- « On prétend également soutenir la production locale et les circuits courts d’approvisionnement mais sur quelles bases effectuer cette construction ? »
- « On affirme qu’il faut réussir à reconstruire des stocks stratégiques dans les produits clefs mais comment en calculer les besoins ? »
Mathieu Fernandez conclue cette première réflexion par le fait que l’état est en train de construire des bases de données qui seront disponibles sur le site logistique.data.gouv.fr pour numériser les arrêtés de circulation et Dialog.beta.gouv.fr pour aider les collectivités à organiser la stratégie régionale logistique en connaissance de causes en s’appuyant sur une interface cartographique.
II- La matinée s’est poursuivie autour d’une table ronde
Une table ronde pour laquelle M.Fernandez a été rejoint par Hervé Ditchi (DREAL Occitanie) Celia El Drissi (SILOGUES) Jean Salvignol (Métropole de Toulouse) et William Gaillard (Transports SENGES) ; l’animation est réalisée par Domingos Bruno (SYNOX).
C’est ainsi qu’on apprend que SILOGUES met à disposition une application web pour simuler les flux de marchandises en ville, en mesurant les impacts de pollution et d’encombrement. Cet élément permet un partage des données disponibles et la prise de décisions fondées sur des résultats et non plus sur des « intuitions ».
En continuité avec la Conférence Régionale Logistique du 15 septembre 2023, le travail se poursuit autour des 3 grands pôles logistiques régionaux sur les flux, l’emploi et la saturation de l’entreposage.
Néanmoins pour les transporteurs il y a une priorité à organiser le stationnement en ville et les emplacements réservés aux livraisons pour éviter les arrêts en pleine rue ou les PV : ce sujet tarde à trouver des réponses et c’est très dommageable.
Pour desservir le centre de Toulouse, l’entreprise SENGES doit stationner et charger 30 triporteurs, en pleine ville…
Les participants reconnaissent que les décisions sur ces sujets sont plus convictionnelles qu’objectives et que des tests mesurés pourraient être réalisés à condition de vouloir réellement innover.
Comment avoir une vision globale du territoire et mesurer par exemple les taux de service, de remplissage des camions au fil des matinées ou élargir les plages horaires de livraison ?
D’ailleurs les villes travaillent à élargir les plages horaires de livraison (y compris de nuit, dans certaines conditions) pour éviter les concentrations en heures de pointe, comme aujourd’hui en réactivant même le canal du Midi, sur Toulouse.
Pourquoi alors que pour les longues distances il existe des bourses de fret, pour les livraisons en ville et/ou du dernier kilomètre, il semble impossible de grouper les tournées ou de mutualiser les chargements ? Certains chargeurs interdisant même contractuellement la mutualisation des tournées même avec des marchandises non concurrentes… Les centres de décision étant souvent à l’étranger, il n’est pas facile de faire évoluer les pratiques.
Il semblerait en outre que près de la moitié des flux de marchandises en ville est réalisée en compte propre ou par des artisans, ce qui constitue un handicap supplémentaire à la professionnalisation des échanges.
Enfin la poussée du B2C en direction des consommateurs désorganise encore les tournées : taux d’échec important et nombreuses 2° présentations, alors même que le particulier n’est pas du tout responsabilisé sur le délai et que tout est livré en J+1 avec une traçabilité en temps réel.
Pour les fournisseurs de solutions, trop peu d’entreprises de transport se servent « d’optimiseurs de tournées » car elles se contentent d’utiliser de fait, les logiciels de leurs chargeurs qui sont en plus, incompatibles entre eux.
Si l’on fait l’analogie avec le co-voiturage, on pourrait réussir à avoir des échanges sécurisés pour les marchandises comme pour les voyageurs : c’est l’objectif du site en cours de construction transport.data.gouv.fr.
Un participant suggère de mettre en évidence les avantages qui pourraient en résulter pour les chargeurs afin de leur donner envie de s’engager sur ces voies du partage des données via un tiers de confiance.
Le prix moyen de la course pour le dernier kilomètre se situe entre 5 et 6 euros ce qui ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre mais dès qu’on massifie, les effets sont significatifs.
Cependant la compétence des acteurs de la filière s’élève, les directeurs de supply-chain participent aux conseils de direction dans les grandes entreprises, les collectivités locales sont de plus en plus conscientes de leur responsabilité à investir dans de vrais aménagements urbains dédiés à la logistique mais on tarde trop à passer à l’action ou on réserve tous les espaces disponibles à la construction de logements.
L’expérience vécue au moment des J.O. est intéressante et on a mesuré les progrès possibles avec 4 outils de pilotage en gestion interactive…
En effet les participants à la table-ronde s’accordent à souhaiter que les solutions soient rationnelles et viennent vite, en obligeant par exemple ceux qui partagent des Espaces Logistiques Urbains (qui manquent) à partager aussi leurs données pour davantage mutualiser dans un deuxième temps.
A Montpellier, l’expérience d’EQUIDIA dans le partage des données entre membres de l’association peut également constituer un bon exemple.
III- 4 ATELIERS se sont déroulés dans l’après-midi :
Automatisation et I.A. au service de la Logistique par les sociétés NEXTRA et AKAWAN
Outil de construction du plan R.S.E. d’une entreprise de transport par l’A.F.T.
La CYBERSECURITE pour passer des principes aux actes par les sociétés CYBER’Occ et NETEXPLORER
La ROBOTIQUE pour améliorer les conditions de travail par la société MECABOTIX
Chaque atelier a réuni un auditoire de plus de 20 participants et TENLOG et DIGITAL 113 remercient vivement les animateurs des sociétés représentées pour ces démonstrations très convaincantes et enrichissantes !
Prochaine étape : la 2°conférence régionale logistique qui se tiendra en fin du premier trimestre 2025 pour continuer à agir en Occitanie !